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Recit 27 La Casamance Janvier-mars 2007 |
La Casamance - Janvier à mi-mars 2007
Cette destination était très prisée des navigateurs dans les années 80 et j’en rêvais depuis les années 70… Notre rencontre avec Jean Manga nous a aussi bien motivé. Nous ne savions pas à quoi nous attendre, mais nous avons été comblés .
Malheureusement, un mouvement rebelle indépendantiste a éloigné les touristes et la Casamance en a beaucoup souffert dans son développement . Cela va mieux maintenant depuis les accords de Ziguinchor de décembre 2004 sous l’égide du président Wade qui vient d’être réélu. Les seuls signes de cette tension sont des barrages militaires à la sortie des villes et quelques patrouilles fortement armées à bord de pick-up Toyota. Il y a eu quelques accrochages avec mort d’ hommes pendant notre séjour, près des frontières .
La navigation sur le fleuve Casamance et ses multiples bras (les bolongs ou marigots) se fait en eau abritée. Les courants de marée sont forts et il faut en tenir compte pour se déplacer . La région est plate , les rives bordées de mangrove et on voit par moment de superbes boababs, fromagers, palmiers, cocotiers etc.
Beaucoup d’oiseaux, des eaux poissonneuses (ah, les crevettes !), des dauphins en quantité et même des lamantins (nous n’en avons vu que les dos).
La plupart des villages ne sont accessibles que par pirogues et les plaisanciers y sont toujours les bienvenus. Plusieurs associations humanitaires (voile sans Frontières, Anima, Accra etc) utilisent les voiliers pour transporter du matériel, des médicaments et des médecins. Nous avons apporté une modeste contribution en transportant des médicaments et des vêtements qu’on a remis au village de Cubanao.
Les Pirogues sont les bus des villages. Ici départ d'Affiniam.
Une passagère se dirige vers la pirogue
Les Dauphins de Casamance
Lancé d'un filet épervier dans un bolong bordé de mangrove.
Nico et jean au pied d' un magnifique fromager à M'lomp
Pour illustrer notre séjour, voici quelques extraits de courriels envoyes sur le vif.
Extraits de courriels envoyés par Michou à son retour de France.
Mon voyage de retour a été assez folklorique. D'abord mon vol a été retardé d'un jour, puis l'avion Dakar/Ziguinchor a été annulé pour cause de panne.
Je suis arrivée à 3 h 30 du mat à l’ hôtel, dans l'aéroport de Dakar, pour dormir 4 heures mais ils n’ avaient pas nettoyé ma chambre et en plus, même nettoyée, elle était super crade. Donc pas trop dormi (peur de ne pas me réveiller), pas pris de douche (elle était trop dégueulasse).
A 8 h départ en taxi brousse, Peugeot break 505 à 7 places... tout se passe bien, paysages incroyables : champs de baobabs à perte de vue, spectacle de marchés dans les petits villages traversés, marchés de bouffe, de chèvres, de vaches, de trucs non identifiés, scènes de la vie de tous les jours dont je me remplis les yeux en me disant que d'accord c'est long (voyage prévu de 8/9 heures) mais ça vaut la peine.
Nous passons la frontière de la Gambie et, au moment de prendre le bac (il était 14h30), on nous dit qu il ne partira pas avant 17 heures. Fait très très chaud, nous trouvons un petit banc, mes copines de trajet et moi, que nous mettons à l'ombre. Nous y attendrons 3 h 30. Là aussi très intéressant. J'étais la seule "toubab" (blanche). Tout le monde adorable. Il y a plein de petits vendeurs de choses diverses et variées qui essayent de faire leur business tout en discutant. On s'offre des biscuits, des oranges, de l’eau. On se raconte sa vie. Enfin à 18 heures les gens et les voitures sont embarqués dans un joyeux désordre et c’est là qu’on me dit que, si nous ne passons pas la frontière du Sénégal avant 19 heures, elle est fermée pour cause de rebelles ! Gloups. Pas envie, après une nuit mi-avion, mi-hôtel crade et une journée à crever de chaud dans une Peugeot, de dormir dans la voiture. Il y en a bien un qui me dit gentiment : "ne vous en faites pas, vous pourrez vous allonger sur la banquette car les gens préfèrent dormir par terre) ça ne me fait pas très plaisir. Mais c'était sans compter sur notre chauffeur, qui jusque là conduisait très prudemment, qui s’est mis à faire des excès de vitesse sur la route très cabossée (en Gambie c’est pire qu au Sénégal !), ce qui nous a permis d'arriver à 18 h 50 et, ouf, de passer et de pouvoir rêver d'une bonne nuit dans la couchette de Groyabada.
Résultat, le voyage qui devait durer 8/9 heures, a duré 13 heures.
Maintenant que je suis reposée, je ne regrette pas du tout et ça restera un très bon souvenir d’images et de rencontres.
Aperçu de la gare routière de Ziguinchor. Au fond, le stock d'arachide pour l' usine d'huile voisine.
J'ai retrouvé Anton en pleine forme. Nico (venu pour l’aider à descendre en Casamance depuis Dakar) était encore là pour la soirée. Ils ont passé du bon temps.
La Casamance n'a rien à voir avec Dakar. C'est tout tranquille, les gens sont adorables, ne nous poursuivent pas pour quémander ou nous vendre des trucs divers et variés et moches. On s’y sent en sécurité.
Nous avons quitté la ville de Ziguinchor et traînons dans les bras (bolongs) de la Casamance où nous mouillons devant des villages très sympas.
Très important, le soir, à la fraîche, il faut trouver le baobab à l'ombre, avec si possible un tronc en dessous pour s’asseoir et, très vite, nous avons de la compagnie. "Ca va ?" "Ca va !", "comment tu t'appelles ?", et c'est parti pour des palabres sans fin. Un régal.
Il fait très chaud dans la journée mais 20 degrés la nuit, ça nous permet de bien dormir et de reprendre des forces pour attaquer la journée suivante.
Nous allons continuer notre exploration encore pendant 1 mois.
Courriel d’ Anton du dimanche 11 février.
Ziguinchor est en triste état mais la ville est paisible, hors du temps et les habitants sympas. On dirait une sous préfecture abandonnée. Tous les bâtiments officiels sont des édifices coloniaux à peine entretenus !! Ils ont une cathédrale dédiée à St Antoine. Le Pape Jean Paul II y est venu en 2002 je crois. Ils en sont très fiers.
J’écris ce soir devant un petit village, Djilapao , à 10 milles de Ziguinchor. Nous sommes ancrés à 50 m de la berge. La vie y est basique et paisible. Pas d'électricité ni eau courante. Le puit est à 30 min à pied...Pas de magasin ni de télé...les pirogues se meuvent à la pagaie et les gens n'ont pas l'air malheureux du tout. Ils sont accueillants et ne demandent rien. En fin d'après midi, après la grosse chaleur (34 cet après midi), nous allons à terre et nous nous asseyons avec quelques villageois sur une vieille pirogue à l'envers sur la berge, sous un baobab et on discute.... le pécheur répare son filet, l'autre poursuit sa vannerie, une femme ouvre des huîtres de palétuviers qui ont d'abord été cuites directement sur un feu de bois. (c'est + facile a ouvrir...).Ce soir on nous a donné une boisson à base de fruit de baobab...pas encore goutté.
Vie paisible pour nous en ce moment. Le bateau est totalement immobile dans ces bolongs. Ce sera bien différent le mois prochain, quand nous partirons pour le Brésil début mars. La traversée devrait durer 2 à 3 semaines.
Groyabada ancré à Djilapao
La maison du sculpteur à Djilapao en cours de restauration grace à l'aide d' une association
Une vue de l' intérieur de la maison entièrement décorée de bas reliefs naïfs
Point de rencontre de Djilapao sous le Baobab
Courriel de Michou envoyé à des amis, qui donne une idée de la vie et des coutumes dans les villages.
Les fiançailles d'Omar et Sylvie :
A midi nous étions chez l'ami Bouba avec qui nous sommes partis (1/2hr de marche sous le cagnard, pas un seul baobab juste des rizières), pour arriver devant la "case" de la fiancée. Pas de fiancée en vue, que des hommes. On nous apporte un banc "rustique" et on se pose. Comme d'hab : - " Ca va ?" - " Ca va ! " - " Comment tu t'appelles ? " - " Et toi ? ". Ils ont une façon adorable de prononcer Michou, par contre Anton devient presque toujours Antoine (remarque je les comprends, j'ai fait moi aussi la même erreur quand j'ai rencontré mon homme la 1er fois). Bon mais ce n'est pas tout. Une heure passe et rien ne bouge. Il y a bien des femmes dans "la case" cuisine (tjs séparée de l'habitation principale), mais nous ne faisons que les apercevoir.
Finalement, toujours avec le pote Bouba, nous changeons de case et allons chez le fiancé. Le fiancé est bien là, mais il est occupé à couper les cheveux des gars du village. Il est habille crade et on se demande si c'est vraiment aujourd'hui qu'il se fiance. Là, nous achetons à la petite boutique du Fanta pour distribuer (ca tombe bien, Omar, le futur fiancé, tient aussi la boutique). Deux jeunes font la cérémonie du thé sur un petit feu de bois. Là aussi les femmes sont dans la case cuisine.
Cérémonie du thé à Djiromait. On distingue au fond Omar et son rasoir...
On me colle un petit bout de chou tout noir et frisé dans les bras et bien sur.... j'adore.
Au bout d'un certain temps.... Anton, le proprio de la maison (pas Omar qui est toujours sous le manguier avec son rasoir), notre pot Bouba et moi, sommes invités à rentrer dans la maison et on nous sert, dans un grand plat commun, un ragoût de chèvre délicieux avec du riz. Sympas, ils nous donnent des cuillères.
Dehors, les femmes d'un coté, les hommes d'un autre et les enfants ailleurs mangent dans les grands plats communs avec leurs mains.
Ce qui me surprend tjs c'est qu'il y a un nombre fou de gamins mais qu'on ne les entend pas.
Apres le repas Bouba et nous devons nous allonger sur une natte pour la sieste.
Et ça traîne et ça traîne.
Ne sachant pas trop ce qu'il convient de faire, ne voulant pas abuser de leur hospitalité mais ne voulant pas vexer, nous finissons par dire que nous rentrons au bateau pour l'aérer car sinon il y fera trop chaud.
On nous fait promettre de revenir pour la fête. Ah bon, il y a une fête ?
Donc, à 18 heures (la marche est plus agréable car il ne fait plus que 25 degrés), nous revoilà.
Il faut aller chez la fiancée. Ouf, on la voit enfin. La, grande table, plein de trucs a boire et surtout, les femmes dansent. Une tape sur un bidon en plastique bleu avec un bâton, une autre donne le rythme avec un sifflet. Et ça crie et ça gesticule. Et c'est superbe. Elles sont en habit traditionnel, les couleurs sont magnifiques.
D'accord, la fiancée est là mais où est le fiancé ? Et bien, lui, il viendra à la fin de la fête.
Tout d'un coup le père de la fiancee brandit 15000 FCFA (40 euros) et fait tout un discours. On nous traduit : il remercie Omar qui a donné cet argent pour avoir le droit d'embarquer la belle. Le brave Omar a aussi fournit les boissons. Surtout le vin de palme (160 litres). Il a fallu y goûter à ce fichu vin. Beurk... indescriptible. Ils adorent. Enfin, les catholiques car les musulmans buvaient du jus de groseille ; ils ont du penser que j'étais musulmane !
Finalement nous quittons, en douce, les lieux avant l' arrivée d'Omar, nous ne saurons pas si il s'est fait beau.
Le lendemain on nous dira que la fête recommence car.... il reste du vin de palme ! Nous, nous devons partir.
Je ne veux pas oublier de dire que tous les jours nous avons eu nos crevettes et, quand nous sommes venus dire au revoir, Bouba voulait nous donner une pintade vivante : il lui avait coupé les ailes pour qu'elle ne nous dérange pas trop pendant la navigation. Il a vite compris qu'on aimait bien les pintades mais qu'il valait mieux qu'il lui torde le coup, la plume et la vide. Nous la mangeons ce soir car hier nous étions invités (nous sommes de retour a Ziguinchor) chez notre ami Jean. Pas mal aussi mais je raconterai un autre jour car ça commence à être long.
Voici la fin du chapitre "fiançailles" a Djiromait.
Bouba et sa soeur nous plument la pintade
La maison de Bouba vue du bateau
Awa, la jeune soeur de Jean dans la cuisine
Thieboudienne chez Jean avec Laetitia et Pierre
Petits neveux et petits voisins de Jean
Chacun de ces enfants voulait serrer la main d'Anton
Exode de refugiés vu par l'artiste casamançais Abdoulaye Mane Cisso (cyssomane6@yahoo.fr)